La nourriture est votre meilleur médicament, enseignait Hippocrate. Dans cet esprit, on sait que le café et, peut-être, le thé, améliorent la fibrose au cours des maladies du foie, notamment au cours de l’hépatite C et la stéato-hépatite non alcoolique. Mais on ne sait pratiquement rien de leur effet éventuel sur le foie en dehors d’une hépatopathie. C’est à cette question qu’a tenté de répondre une équipe de Rotterdam (1).

Les auteurs ont inclus prospectivement 2 424 personnes bénéficiant d’une échographie abdominale et d’une élastographie (Fibroscan). Toutes ont rempli un questionnaire nutritionnel détaillé. La consommation de café et de thé ou d’infusions a été classée comme nulle, modérée (1 à 3 tasses par jour) ou fréquente (plus de 3 tasses), et la consommation de thé subdivisée en vert, noir ou infusions sans thé (camomille, ortie, « thé » rouge ou rooibos). Une fibrose a été considérée comme significative lorsque l’élasticité hépatique était ≥ 8 kPa. L’analyse statistique a tenu compte de nombreux facteurs de confusion, comme la consommation d’énergie, de sucre, de crème, le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle, la stéatose, le test HOMA, l’alcool, le tabac, les boissons sucrées et l’activité physique.

L’âge moyen des participants était de 66,5±7,4 ans et 43 % étaient des hommes. Parmi les 2 424 personnes, 5,2 % avaient une élasticité hépatique ≥ 8,0 kPa et 34,6 % avaient une stéatose échographique. La consommation de plus de 3 tasses de café par jour était associée significativement à une protection contre la fibrose, comparée à l’absence de consommation. La proportion de personnes ayant une élasticité ≥ 8 kPa diminue au fur et à mesure qu’augmente la consommation de café (consommation nulle : 7,8 %, modérée : 6,9 %, fréquente : 4,1 %, p < 0,006). En revanche, parmi les consommateurs de thé, seuls ceux qui consomment des infusions ont une élasticité hépatique plus basse que les non consommateurs. Aucune relation claire n’est observée entre la consommation de thé ou de café et la stéatose.

Cette étude est la plus vaste qui documente les relations entre fibrose hépatique et consommation de café et de thé dans une population sans maladie du foie. Toutes les précautions ont été prises pour éliminer de possibles facteurs confondants. Certes, on peut relever quelques limites. La population est plutôt âgée. Il s’agit principalement de gros consommateurs de café, et la cohorte de buveurs de café est largement supérieure à celle des non consommateurs. La consommation de thé est faible, et l’on ne peut exclure un effet bénéfique de consommations plus élevées. Enfin, cette relation statistique ne permet pas de conclure à une relation de cause à effet, d’autant moins que le mécanisme d’action sur la fibrogenèse n’est pas connu (effet de la caféine ? des polyphénols anti-oxydants ?).

Malgré ces quelques réserves, l’effet protecteur du café sur la fibrose est suffisamment net pour justifier des études de confirmation et d’autres s’attachant à analyser le mécanisme de la protection. Le café, boisson répandue à travers le monde et peu coûteuse, pourrait être un excellent ami de notre foie.

Référence
Alferink LJM et coll. : Coffee and herbal tea consumption is associated with lower liver stiffness in the general population: The Rotterdam study. J Hepatol 2017 ; 67 : 339-348.
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